Homme de désir-5

Vous n’aviez produit aucun être, ô sagesse profonde, sans lui donner une mesure de désir et de force pour se conserver.

Il nous faut désirer s’ouvrir à la Lumière afin d’en connaître toute sa puissance.

Vous aviez fondé tous les êtres sur cette base, parce qu’ils sont tous un reflet de votre puissance, et que vous aimez à vous produire dans toutes vos œuvres.

Nous sommes cette Lumière, nous sommes cette puissance, nous portons en nous le Désir suprême de la Réunification.

Vous aviez donné à l’homme la plus abondante mesure de ce pouvoir.

Nous possédons la vie humaine, ce précieux royaume, qui seule peut nous permettre d’accéder consciemment à la Lumière.

 Eh ! D’où lui viendrait cet art de multiplier ses jouissances ; cette industrie à repousser de lui les maux, et à les guérir ?

Nous avons la possibilité d’être un Royaume Suprême, dans l’accomplissement de ce Désir ultime.

 Si ce n’est d’une mesure suprême de ce désir conservateur et de cet instinct que vous avez départi à tous les êtres !

Ce désir qui n’est autre que l’Aspiration à se fondre dans la Lumière Omnisciente.

Et seul il joint à la mesure suprême de ce désir conservateur, la mesure suprême de la puissance opposée !

Tout doit s’inclure dans cette Aspiration,  tous nos désirs mondains doivent tendre vers ce Désir Ultime.

Et seul il peut combattre et étouffer cet instinct vivace, plus impérieux en lui que dans aucun autre être ! Et seul enfin il peut se tuer ! Seul il peut combiner et choisir les moyens de se donner la mort ! … doctrine de mensonge, applaudis-toi de ton triomphe, tu as complétement aveuglé l’homme.

Sortir du torrent, sortir de soi, pour s’ouvrir à l’autre, c’est se dégager du mensonge. Cette prison peut se transformer en un Royaume.

 Tu ne lui as fait voir dans ces deux extrêmes, qu’un seul et même principe : tu lui fais vouloir, que le seul et même agent se conserve et se détruise : tu lui fais croire que la mort et la vie, la production et la destruction appartiennent au même germe.

Sortir du torrent, c’est s’élever au-dessus des préoccupations mondaine, des haines aveugles et des passions inférieures qui nous incarcèrent.

En vain tu cherches de quoi te justifier dans les exemples des animaux, tu n’y trouves rien qui diminue aux yeux de la pensée cette effroyable contradiction.

Le précieux Royaume de la vie humaine nous donne accès à tous les Royaumes supérieurs mais dans le tourbillons du torrent de notre aveuglement nous avons plus souvent qu’autrement, du mal les saisir.

Prières-2

J’irai vers toi, Dieu de mon être ; j’irai vers toi, tout souillé que je suis ; je me présenterai devant toi avec confiance.

Je m’y présenterai au nom de ton éternelle existence, au nom de ma vie, au nom de ta sainte alliance avec l’homme ; et cette triple offrande sera pour toi un holocauste d’agréable odeur sur lequel ton esprit fera descendre son feu divin pour le consumer et retourner ensuite vers ta demeure sainte, chargé et tout rempli des désirs d’une âme indigente qui ne soupire qu’après toi.

Seigneur, Seigneur, quand entendrai-je prononcer au fond de mon âme, cette parole consolante et vive avec laquelle tu appelles l’homme par son nom, pour lui annoncer qu’il est inscrit dans la milice sainte, et que tu veux bien l’admettre au rang de tes serviteurs ?

Par la puissance de cette parole sainte, je me trouverai bientôt environné des mémorials éternels de ta force et de ton amour, avec lesquels je marcherai hardiment contre tes ennemis, et ils pâliront devant les redoutables tonnerres qui sortiront de ta parole victorieuse.

Hélas, Seigneur, est-ce à l’homme de misère et de ténèbres à former de pareils vœux et à concevoir de si superbes espérances !

Au lieu de pouvoir frapper l’ennemi, ne faut-il pas qu’il songe lui-même à en éviter les coups ?

Au lieu de paraître, comme autrefois, couvert d’armes glorieuses, n’est-il pas réduit comme un objet d’opprobre, à verser des pleurs de honte et d’ignominie dans les profondeurs de sa retraite, n’osant pas même se montrer au jour ?

Au lieu de ces chants de triomphe qui autrefois devaient le suivre et accompagner ses conquêtes, n’est-il pas condamné à ne se faire entendre que par des soupirs et par des sanglots ?

Au moins, Seigneur, fais-moi une grâce, c’est que toutes les fois que tu sonderas mon cœur et mes reins, tu ne les trouves jamais vides de tes louanges et de ton amour ;

je sens, et je voudrais ne jamais cesser de sentir, que ce n’est point assez du temps entier pour te louer ;

et que, pour que cette œuvre sainte soit accomplie d’une manière qui soit digne de toi, il faut que tout mon être soit saisi et mû par ton éternité ;

permets donc, ô Dieu de toute vie et de tout amour, permets à mon âme de chercher à fortifier sa faiblesse dans ta puissance ;

permets-lui de former avec toi une ligue sainte qui me rende invincible aux yeux de mes ennemis, et qui me lie tellement à toi par les vœux de mon cœur et du tien, que tu me trouves toujours aussi ardent et aussi empressé pour ton service et pour ta gloire, que tu l’es pour ma délivrance et pour mon bonheur.

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